Exposition racisme et antisémitisme en images

Pourquoi cette exposition ?

On décrit la mécanique d’une pensée raciste par trois ingrédients : la catégorisation, la hiérarchisation et l’essentialisation. Les catégories mobilisées dans ce processus n’ont rien de naturel, elles se sont construites dans notre histoire. Et les images ont d’autant plus fortement contribué à fixer les stéréotypes qu’elles font appel à l’émotion de celles et ceux qui les voient.
Depuis la fin du XIXième siècle, les progrès de l’impression, de la photographie, de l’audiovisuel et désormais de l’internet débouchent sur une omni présence des images. Caricatures, cartes postales, publicités, publications pseudo-scientifiques, manuels scolaires, œuvres littéraires et artistiques …ont véhiculé des représentations qui ont construit nos références. Actuellement pas de média, pas de réseau social sans image.

Faut-il montrer ces images choquantes, violentes ? Vous aurez noté ce propos de Léopold Sédar Senghor « Mais je déchirerai ces rires Banania sur tous les murs de France ». Le choix que nous faisons est celui de ne pas les cacher mais de les expliquer, les situer dans leurs contextes pour rendre chacune et chacun capable de se préserver des représentations racistes qu’elles ont construites. Enfin, le MRAP retrouve dans cette exposition conçue par le groupe de recherche ACHAC l’orientation universaliste qu’il défend.

C’est aussi au niveau collectif que nous devons exercer notre vigilance. J’en veux pour preuve ce constat fait par l’ARCOM : sur la période de 2013 à 2023, les personnes représentées dans l’audiovisuel français dans des situations marginales ou dans des activités illégales sont dans environ la moitié des cas des personnes non blanches .

Vous noterez enfin que l’exposition nous propose aussi des images positives, et l’arme de l’humour, attestant ainsi de l’action d’individus et d’organisations qui ont combattu le racisme.

Et aujourd’hui ?

Né dans la résistance et la lutte contre le nazisme, le MRAP a agi pour que la loi française sanctionne les propos et actes racistes. Le texte qui modifiait la loi sur la liberté de la presse a été adopté en 1972 à l’unanimité du Parlement. Les abus sont sanctionnables qu’il s’agisse de propos, de caricatures… les victimes peuvent obtenir réparation.

La vigilance citoyenne est aussi essentielle. On peut citer la publicité que H&M a dû retirer en 2018 du fait des protestations qu’elle avait soulevées.
On ne peut cependant se penser à l’abri. D’autant plus que l’image est aujourd’hui incontournable et parfois générée par des robots nourris de tous nos stéréotypes. L’exposition cite cette expérience : en réponse à la consigne « dessine-moi une belle femme », l’IA interrogée en 2019 produit pratiquement à tout coup une image de femme blanche.

C’est donc dans une démarche préventive, éducative, que le MRAP propose cette exposition.