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Aucune rue ne portera ton nom

lundi 4 mars 2024

Documentaire de Nadia Salem

Projection organisée par le collectif Juillet 61 au cinéma le Klub à Metz, mercredi 20 mars à 20 h 30.

Ce film documentaire relate l’histoire méconnue de femmes algériennes arrivées dans les régions minières de la Lorraine à la fin des années 50 à travers leurs témoignages et la mémoire que leurs enfants ont gardée de cette période de la guerre d’Algérie.

La réalisatrice Nadia Salem, fille d’une de ces femmes, n’a pu approcher cette histoire de la guerre d’indépendance de l’Algérie qu’au cours de ses études de journalisme. La guerre d’Algérie n’était pas enseignée dans les années 70-80. Si Nadia est si sensible à la colère de sa mère qui a lutté pour la libération de l’Algérie depuis la Lorraine en 1959, c’est qu’elle-même a partagé le cri de colère des Algérien.nes en 2019.
Ce pays qui a connu une décennie noire de terreur lorsque l’armée algérienne a décrété l’état d’urgence en 1991, éliminant le FIS, est aussi celui de l’Hirak, vaste mouvement de contestation réclamant démocratie et état de droit.. Que penserait sa mère, aujourd’hui décédée, de ces manifestations de solidarité ?
Que fut la vie de ces femmes déracinées, venues rejoindre un père, un mari, mineur ou sidérurgiste en Lorraine ? Quels furent les combats, les espoirs de ces femmes que l’Histoire rend invisibles, muettes ?
Ce film fait entendre leur voix, leurs visions de cette époque afin que trois générations plus tard, on comprenne leur engagement, leur amertume devant le silence qui leur fut opposé mais aussi leurs moments de solidarité, d’amitié. Elles ont accompli des actes héroïques : cacher à domicile de l’argent, des armes voire des agents du FLN échappant à la police, accueillir des réunions clandestines…

A travers ce documentaire, Nadia Salem, qui a soutenu en 2016 sa thèse sur « les migrants algériens en zone frontalière lorraine 1945- 1962 » et cite la thèse de doctorat de l’historien Lucas Hardt ainsi que le livre de Gérard Noiriel « le Creuset français », questionne l’effacement des traces de l’Histoire. Elle présente plusieurs événements souvent méconnus ou ignorés : la destruction des usines du père, celle de l’ancien quartier messin du Pontifroy où débarquaient la plupart des Nord-Africains, reconstruit dans les années 70, l’effacement de l’événement de la nuit du 23 au 24 juillet 1961 à Metz « la nuit des paras ». C’est dans ce quartier du Pontifroy qu’eut lieu la « ratonnade », acte de vengeance organisé par des soldats du 1er Régiment de chasseurs parachutistes (RCP) fraîchement débarqué d’Algérie.

Comme le recommande Gérard Noiriel, il faut interroger le rôle joué par le déracinement et les déracinés dans la constitution d’une société. « Ce sont nos mères qui ont creusé le premier sillon dans lequel leurs enfants se sont enracinés. La guerre d’Algérie nous concerne tous : indépendantistes algériens, pieds-noirs, harkis, anciens appelés… »

Grâce à ces femmes filmées chez elles, à Fifi, vraie patriote, mère de Nadia Salem, aux photos retrouvées chez elle, aux vidéos d’archives, aux documents radiophoniques, une mémoire est transmise mais quelles rues portent-elles le nom de ces femmes courageuses ?

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