La marche pour l’égalité et contre le racisme accueillie à Metz

Il y a 40 ans, Metz a accueilli une impressionnante marche pour l’égalité et contre le racisme que nous rappelons aujourd’hui. Comme il y a 40 ans, nous sommes toujours en marche et nous allons évoquer ce qui a été vécu à l’époque.

L’année 1983 a été marquée par des affrontements, des faits divers racistes tragiques. Le Père Christian Delorme, la Cimade ont alors proposé aux jeunes du quartier des Minguettes à Vénissieux dans la banlieue lyonnaise une longue marche.
Deux revendications émergent : une carte de séjour de 10 ans, le droit de vote pour les étrangers et bien sûr la dénonciation du racisme en général.

La marche démarre le 15 octobre 1983 à Marseille. Relayée par les médias, elle prend de l’ampleur et passera par Metz le 23 novembre. Un comité d’accueil et ses six commissions se réunit depuis plusieurs semaines au local du MRAP à Metz en vue de cette journée et de la manifestation nationale qui doit clore la marche le 3 décembre à Paris.

Au petit matin, une trentaine de personnes d’âge et d’origine différents rejoignent les marcheurs à Pont-à-Mousson. C’est à un train soutenu malgré le manque de sommeil, les ampoules, qu’ils vont marcher jusqu’à Metz. Peu de présence humaine sur le parcours mais dans les villages, des regards étonnés et sourires complices. A l’arrêt d’Ars sur Moselle, un pasteur de la Cimade, Miguel Brun, a organisé l’accueil pour réchauffer les marcheurs.

L’arrivée à Metz se fait par Montigny et à 18h 30 (avec 2 heures de retard), remontant la Place de la République, les marcheurs rejoignent l’Esplanade où, au son du tam-tam africain et des applaudissements, plus de mille personnes les attendaient dans le froid certes mais avec un accueil des plus chaleureux. Après une collation réconfortante, banderole de marcheurs et banderole du comité en tête, tous vont défiler dans les rues piétonnes : jeunes, vieux, Français, immigrés, nombreux responsables d’associations ainsi que des élus locaux.

Présents aussi les jeunes Marcheurs du Comité de soutien de Fameck qui ont parcouru 32 km pour rejoindre Metz. Pendant toute la route, ils ont été étonnés de la gentillesse, de l’absence d’agressivité des gens.

En fin d’après-midi, la manifestation s’achève autour d’un thé chaud et à la lueur des flammes d’un cracheur de feu. Les Marcheurs rejoindront la fête de la salle Marc Sangnier à Montigny-les-Metz. Des chanteurs kurdes ouvrent la soirée et sur scène se succèderont un groupe folklorique turc, des jeunes marocains, une formation algérienne, un groupe qui chante en dialecte local, un groupe de jeunes de Fameck, des danseurs du Cap-Vert et un groupe rock-blues acoustique. Ce fut un moment d’humanité.
150 poursuivront leur parcours d’abord en train jusqu’à Lille puis en marchant jusqu’à Paris où ils arriveront le 3 décembre.
Notre modeste marche aujourd’hui redit comme il y a 40 ans combien pour l’égalité et contre le racisme il est toujours nécessaire de se mobiliser.