Aminata

Enlevée à l’âge de 11 ans à proximité du village de Bayo en Guinée où elle est née et a grandi entourée de son père, un joaillier peul et de sa mère sage-femme bambara, elle est déportée puis réduite en esclavage en Caroline du Sud. La solidarité entre esclaves, le souvenir des enseignements reçus de ses parents lui permettront de survivre. En effet, alors qu’elle est épuisée par la traversée, elle est secourue dans la plantation par une femme guérisseuse tandis qu’un homme lui apprend secrètement à lire.
Au cours de son existence, elle sera la propriété de deux maîtres. Le premier brutal, ne cherche qu’à soumettre et exploiter son corps. Aminata, appelée Mina par ses compagnons d’infortune et Marie par le maître connaît la faim, le travail au-delà de ses forces, le viol, la nécessité de se cacher pour rencontrer l’homme qu’elle aime. Elle est alors achetée par un second maître, un juif anglais qui ayant besoin d’une secrétaire entend exploiter ses compétences intellectuelles. Malgré un traitement plus favorable et la possibilité d’être rémunérée à son compte pour les accouchements qu’elle accompagne, elle souffre de ne pas être libre.
Conduite à New York par son maître, elle fugue et survit libre au milieu des siens ; elle sera finalement affranchie au moment d’embarquer vers la Nouvelle Ecosse d’où elle partira vers l’Afrique. La Sierra Léone sera une dernière étape vers la réalisation de son rêve, retourner vivre dans son village natal. Sur le point d’y arriver, elle réalise soudain qu’elle n’a rêvé que d’un lieu sans donner aucun contenu à son projet. Elle décide de consacrer ses dernières forces à la libération de son peuple.

Le récit romanesque se déroule à un moment clé de l’histoire américaine, celui de la lutte des treize colonies pour leur indépendance. Mais la liberté revendiquée par les blancs pour eux-mêmes n’a pas vocation à s’étendre aux esclaves. Et si les loyalistes à la couronne anglaise eux, promettent la liberté aux esclaves qui rallieront leur cause, dans les nouvelles colonies qui accueillent au Canada ou en Afrique les esclaves affranchis, les promesses ne seront pas tenues. Comment survivre sans terre ? Quand les décisions cesseront-elles d’être prises uniquement par les hommes blancs ?

Le roman « Aminata » met en évidence la violence spécifique de l’esclavage et les luttes vers l’abolition. Dès leur capture, les esclaves se rebellent. Réseau social antique, le « filet de pêche » faisant circuler les messages les relie d’une plantation à l’autre. Dans leur soif de liberté, ils rencontrent des européens condamnant l’esclavage parce que contraire à leur idéologie. L’auteur prend quelques libertés avec l’histoire, place des personnages historiques dans des situations inventées et leur prête des propos imaginés mais en avertira le lecteur dans la postface.
Aminata est traduit de l’anglais (Canada) par Carole Noël, et publié en France en janvier 2023 par Folio. Il reçoit le prix des libraires en partenariat avec Télérama.