LES SILENCES DES PERES

Le livre débute sur la nouvelle du décès de ce père que son fils, Amine, avait choisi d’oublier depuis vingt-deux longues années suite à des malentendus, des non-dits et des drames. Amine revient à Trappes, découvre les rites de la toilette mortuaire du défunt auquel tout fils aîné doit se soumettre, mais surtout, cachée dans un recoin, il trouve une enveloppe épaisse contenant quantités de cassettes-audio, chacune datée et portant un nom de lieu.
Il écoute la voix de son père s’adressant à son grand-père resté au Maroc, et décide de partir sur les traces de ce père qui s’était toujours emmuré dans le silence, en rencontrant ses anciens amis de travail. Comme de nombreux immigrés, le père du narrateur s’est sacrifié et a tu ses souffrances et humiliations pour protéger ses enfants et leur ouvrir un meilleur avenir.
Et pourtant il avait tant à raconter : la douleur de son exil sans retour, les conditions du recrutement au Maroc des ouvriers pour les mines du Nord, ses boulots de misère dans les usines d’Aubervilliers et Besançon, les maraîchers du sud, les Harkis réfugiés en Camargue mais aussi ses formidables engagements syndicaux et de solidarité pour tous les immigrés « la solidarité des immigrés ne s’embarrasse ni de nationalité, ni de langue ni de religion ». Il ne cache pas l’histoire de son amour rompu par obéissance à son père.
L’émotion d’Amine éclate lorsqu’il comprend que son père suivait avec fierté son parcours de pianiste concertiste réputé.
Un récit poignant entre passé et présent, un bel hommage posthume qui souligne le chagrin et les souffrances de l’exil pour la réussite des générations suivantes et la nécessité de transmettre une mémoire.